Introduction. Formes d'économie collaborative et conditions de travail et d'emploi

Parmi les transformations du monde du travail de ces dernières décennies, le développement de l’économie collaborative et l’expansion des technologies numériques sur lesquelles elle s’appuie occupent une place importante. Il n’existe pas de consensus sur le périmètre ni la définition de ces nouveaux modèles organisationnels, et l’utilisation même du terme « économie collaborative » est largement critiquée, ne serait-ce que parce que la dimension « collaborative » des plateformes commerciales apparaît bien limitée (Dujarier, 2018). En revanche, un trait commun se dessine autour de l’usage d’un dispositif technique – la plateforme numérique – et de ses conséquences en matière de remise en cause de la relation salariale traditionnelle (Cingolani, 2024). Comme tout phénomène nouveau, l’appréhension de l’économie collaborative, sa mesure, la compréhension de ses conséquences sur les acteurs sociaux, et notamment, ici, les travailleurs et travailleuses, sont complexes. 

Ce triple numéro de Travail et Emploi cherche à apporter des éléments de connaissance et d’analyse sur ces organisations d’un nouveau type. L’origine de ce numéro est à rechercher dans l’appel à projet lancé conjointement en 2018 par la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) et la Drees (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Intitulé « Formes d’économie collaborative et protection sociale », cet appel a donné lieu à neuf projets, synthétisés dans un numéro de la Revue française des affaires sociales centré sur les enjeux de l’économie de plateforme du point de vue de la protection sociale (Outin, 2022). L’appel à contributions de la revue Travail et Emploi complète ces analyses en plaçant la focale sur les effets du développement de ces nouvelles formes organisationnelles sur la relation d’emploi.